avant-texte
Avant-texte: l’ensemble constitué par les brouillons, les manuscrits, les épreuves, les ‘variantes’, vu sous l’angle de ce qui précède matériellement un ouvrage quand celui est traité comme un texte, et qui peut faire système avec lui. Le choix de ce mot en concurrence avec brouillon tient à ce que ce dernier connote des caractères comme ‘résiduel’, ‘informe’, ‘insignifiant’, connotations embarrassantes dès l’instant qu’on veut précisément sortir de la problématique perfectionniste de l’oeuvre littéraire dotée d’un (seul) sens qu’elle recèle comme son secret, changée en elle-même par une (impensable) éternité, obtenue soit par une (divine) inspiration, soit par la médiation (personnelle) d’un esprit supérieur (génial), etc. La difficulté vient de ce que le texte n’est pas le point d’aboutissement visé pendant la rédaction, mais un moment d’équilibre; dès lors qu’on envisage seulement un plus ou moins d’instabilité, où et quand commence cette décision qu’on appelle l’oeuvre et qui n’est pas un achèvement? De là l’intérêt d’un terme forgé sur le signe ‘-texte’, et marqué par lui. On pose donc en principe que l’avant-texte est [dans] le texte et réciproquement