writing process

Écriture: la rédaction étant définie comme le mode et le temps d’une activité orientée vers une oeuvre, l’écriture apparaîtra comme le lieu d’une production et la production d’un lieu, appelé texte; c’est-à-dire comme l’instauration d’une série de champs signifiants que la lecture aura à constituer en les parcourant. L’écriture, c’est la production du texte mais en tant – et en tant seulement – que cette production est assumée par et dans un texte, hors de la considération d’un marché (public présupposé), d’un besoin (auteur engagé), d’une esthétique (canons admis). La métaphore économique impliquée dans ce terme de ‘production’ apporte quelques perturbations qu’il convient de rectifier. Le produit obéit à des impératifs de fabrication et à des motivations commerciales; de plus, il est détruit par sa consommation. Or, le texte n’est pas, comme le produit, une réponse: à l’instar de ce qu’on appelle l’Être, ce serait plutôt une question; à ce titre comme à d’autres, l’écriture ne peut être rigoureusement rattachée à un Sujet (son répondant): elle est [à] une croisement, ou un intervalle. D’autre part, le texte n’est pas annulé par une consommation: la lecture restitue ce que l’écriture virtuellement institué, de sorte que lecture et écriture constituent le texte, qui est d’emblée un monument (n’être-t-il pas dans la définition de l’écriture de ‘conjurer le temps’? Elle diffère de la parole en ce qu’elle diffère la parole au point que la parole différée devient autre tout en restant la même). Le monument est le fis de ceux qui l’ont construit, mais aussi l’enfant de ceux qui le considèrent, le font exister en tant que commémoration, lui donnent un sens. On dira ecore: l’écriture enfante la lecture qui à son tour l’engendre, en un lieu plein – le texte – qui est à la fois l’embryon et la matrice… Prises séparément, ces métaphores manquent d’efficace: il faut les monter en série pour obtenir d’elles une certaine différence de potentiel.

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