Lecture: opération par laquelle on fait surgir un sens dans un texte, au cours d’un certain type d’approche, à l’aide d’un certain nombre de concepts, en fonction du choix d’un certain niveau auquel le texte doit être parcouru (impensé idéologique, insu socioculturel, inconscient psychanalytique, structuration implicite de l’imaginaire, résonances rhétoriques, etc.). Le lecteur ne travaille pas comme un récepteur en face d’un émetteur, il n’est pas le destinataire d‘un message, il ne se préoccupe pas des intentions de l’auteur: il est coproducteur du texte, en ce qu’il rassemble une série d’effets de sens. Au lieu de rechercher les visées d’un vouloir-dire, le parcours de la lecture suit les traces d’une certaine congruence, c’est-à-dire d’une sorte de cohérence interne qui serait toujours en train de s’assurer. La congruence qu’il découvre (invente) n’a rien à voir avec la logique du oui/non, du A = A ≠ B: risquât-elle ‘l’incongruité’, elle se suite visiblement à chaque niveau d’exercice du sens où des relations apparaissent et se mettent en système (l’exemple cardinal est celui de l’Inconscient). Cela sous-entend que le texte est polysémique, en droit comme en fait. La lecture peut se présenter comme fabulation: sa vérité est toujours fabuleuse, hors d’atteinte dune ‘raison’ ou d’une ‘esthétique’ préétablies; elle est dans toutes les acceptions du terme un investissement, et comme tel aléatoire. C’est par elle que se trouve validée la spécificité de l’écriture qui lui sert de sol, par elle que se trouve assurée la valeur du champ théorique dont elle fait son site.